Regards philosophiques (94)
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Thème :
« Tolérance et laxisme sont-ils opposés
ou sont-ils opposables ? »
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Débat :
Tour de table avec la question : en quoi, sur quoi êtes-vous tolérants, intolérants ou laxistes ?
► Je ne tolère pas la violence, de plus elle me fait peur ; je n’aime pas la corrida, les films violents. Je ne tolère pas le sort fait parfois aux femmes dans des pays musulmans, entre
autres. Je ne tolère pas qu’on touche aux enfants…
► Je suis parfois laxiste par tolérance, et cela doit arriver à bien d’autres personnes. Lorsque je n’ai pas envie de me battre ; je pense que « ça n’en vaut pas la peine ! », que c’est dépenser de l’énergie pour rien, alors, on laisse aller. Et là, on a tort, parce qu’après, on peut le payer très cher. Cela peut arriver dans nos relations au travail, avec des amis, dans le couple. On ne réagit pas à une parole, « le clou est enfoncé ! » Si j’avais réagi tout de suite, les choses ne seraient pas allées si loin.
► Je ne tolère pas la mauvaise foi. Vouloir faire admettre quelque chose à celui qui ne veut pas entendre, là aussi, on abandonne ; cela nous mène au laxisme.
► Je ne peux pas tolérer qu’on torture. Je ne supporte pas qu’on tue les animaux ; je suis végétarienne.
► Ce qui est intolérable, c’est la haine. La haine ça coûte cher. Faites la somme de toutes les guerres qui ont eu lieu. Alors que l’amour ce n’est pas cher, ça ne coûte rien. On doit préférer l’amour à la haine, préférer la discussion à la confrontation, au conflit.
► Je suis intolérante envers les gens qui manquent de dignité, notamment dans les médias comme à la télévision, où l’on étale des sentiments dégoulinants…
► Je ne supporte pas l’avidité du pouvoir, les arrivistes, ceux qui sont prêts à piétiner les autres…
► Peut-être que nous n’arrivons pas à résoudre ces problèmes, à trancher une fois pour toutes sur ces problèmes, parce que laxisme et tolérance cohabitent en nous. Il y a chez moi « le tolérant », et puis il y a celui qui veut avoir la paix, qui laisse le soin aux autres de trancher ; c’est mon côté laxiste. Il ne faut pas, nous disaient les Stoïciens, gâcher notre énergie à nous battre contre les choses qui ne dépendent pas de nous. Notre destin est écrit et nul n’est besoin de vouloir toujours contrarier ce destin nous disent les déterministes. Ou, nous sommes entièrement responsables de nos choix, de notre vie et nous devons écarter tout laxisme, nous devons assumer, nous dit Sartre, avec l’existentialisme. Il y a tellement de choses qui ne vont pas dans cette société, des choses qu’on ne peut pas régler qu’avec des indignations, des manifestations. On ne règle rien avec « bof » ou « à quoi bon ». Alors, modestement, j’agis, j’agirai avec mes moyens de grain de sable. Autrement dit, tout cela nous laisse à penser que la tolérance serait le résultat de quelque chose auquel on a réfléchi, où l’on a pesé le pour et le contre, espérant et étant prêt à l’échec en même temps. Le laxisme serait davantage les « laissons faire, laissons aller », les « aquabonistes » de la société. Le laxisme n’est-il pas la marque de l’abstentionnisme ? Ça ne m’intéresse pas ! Le laxisme politique peut être illustré par ce texte du Pasteur Niemöller : « Quand on a arrêté les Juifs, je n’étais pas Juif, je n’ai rien dit. »
Enfin, on dit qu’Athènes donnait déjà l’image d’une société (à son époque) tolérante ; Sparte au contraire, symbolise la rigueur, l’austérité, l’intolérance (être spartiate). Au final, c’est Athènes qui est passé à la postérité. La tolérance a de l’avenir.
► On a beaucoup entendu l’expression : « je ne supporte pas », « je ne tolère pas ». On peut être indigné, ne pas supporter ; ce n’est pas être intolérant. La tolérance est quelque chose de positif, de valorisant. Par contre, personne ne dira : « je suis laxiste », ou alors, « j’avoue humblement que je suis laxiste » !
extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.