Regards philosophiques (97)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

 

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Thème :

  « Pourquoi et comment

critiquer ? » 

  

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  Débat :

      

 

Quand on critique, on doit faire attention. On peut avoir affaire à une personne fragile, on ne peut pas dire toutes les vérités. Si vous faites une critique négative du dessin que vous donne un enfant, vous le démolissez de deux façons ; car, si c’est un cadeau, vous refusez son amour, et ensuite vous le bloquez dans sa forme d’expression, le risque étant qu’il se referme sur lui-même, qu’il perde confiance. Si vous avez affaire à une personne, un adolescent très sensible, vous pouvez même, avec des critiques, le mener au suicide.

En revanche, il y avait un critique de cinéma, Jean-Louis Bory, qui, lorsqu’un film ne lui avait pas plu n’en parlait pas, mais si le film lui plaisait, il en faisait largement l’éloge; souvent il a su détecter ce qui allait avoir du succès. Et, quoi que l’on puisse penser des opinions de Jean Dutourd, il faisait de très bonnes critiques de théâtre. Il faut respecter l’objet de la critique.

L’encyclopédie de la philosophie (Le livre de poche – La pochothèque), donne cette définition de la « critique » : « Du grec « kritike techne », « art de juger » ; indique un examen qui ne se contente pas seulement du savoir transmis par la tradition, mais passe au crible de la raison sa recevabilité. Ainsi en est-il de la philosophie des Lumières…Par glissement de sens on parle aussi de la critique comme jugement que le goût fait prévaloir ».

Dans son acception la plus courante, ce mot « critique » a une connotation négative, de jugement sévère, de blâme, de désapprobation. Alors que nous avons des critiques littéraires, par exemple, qui peuvent nous dire tout le bien qu’ils pensent d’un livre. Le critique gastronomique nous dira dans un guide les endroits où l’on mange bien.
Reprenant la critique dans son approche psychologique, comportementale, on peut voir chez certaines personnes que la critique peut être systématique, quelque chose comme une compensation, une manie de ces personnes qui cherchent toujours le petit défaut, et qui le trouvent de toute façon ou comme de la jalousie. Cela peut être un reflexe non contrôlé, où la parole va plus vite que la réflexion, tel qu’on le rencontre chez celui ou celle qui dit « moi, je dis toujours ce que je pense », et aussi, quelquefois une propension à « voir la paille dans l’œil de son voisin ».   Cela peut être des petites jalousies, et on cherche à se faire du bien en faisant du mal, un exutoire en quelque sorte, voire, un exutoire d’un mal vivre.
Dans un autre aspect répondant à « comment critiquer », il y a la critique qui passe par l’humour, comme cela est illustré, par exemple, dans le dialogue du duo d’humoristes Les Vamps. Les deux femmes sont désœuvrées et cherchent à passer le temps ; la première dit : «  – Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? – Et si on disait du mal ? – Ah oui ! Ah oui ! Par qui on commence ? - Madame Jansen, par exemple. V’la qui paraît, à c’qui paraît, qu’elle ouvre sa porte à tous les r’présentants… ». D’Aristophane aux Vamps, la critique qui utilise l’humour, nous montre nos petits travers, nous met face à nos contradictions, car la critique alors n’épargne personne. C’est un peu comme un miroir de la société qui appelle à plus de modestie.
Concernant les critiques d’art, j’ai en mémoire cette réflexion : « La critique de la part de celui qui ne produit rien est déloyale. C’est comme si un curé vous prenait votre femme ; vous ne pouvez pas lui rendre la pareille ! »

 

 
    
(A SUIVRE)

 

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

 

Publié dans culturels

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