Ronchonnades...
Article précédent : Monsieur Ronchon et la vitesse
Monsieur Ronchon et son ami Amédée papotent :
-« Tous ces peuples du Maghreb qui se révoltent, ça me révolte, Amédée !
- Que voulez-vous dire exactement, Monsieur Ronchon ?
- Que ça m’inquiète très sérieusement pour l’avenir, mon garçon.
- Moi, je vais vous dire, je pense que c’est un bien pour deux raisons : la première, les gens crèvent la dalle, ils n’en peuvent plus de la misère, ils ont besoin de faire manger leurs enfants et ils ne supportent plus leur régime dictatorial.
- Ouai, du point de vue humain, c’est plutôt bon signe ; en somme, c’est la revanche des démunis et des opprimés pour un nouveau partage des richesses !
- Tout à fait, Monsieur Ronchon, vous avez tout compris.
- Mais Amédée, ces révolutions successives vont certainement faire pencher la balance économique mondiale, non ? Il va y avoir forcément des répercussions sur l’essence, le pouvoir d’achat, etc…
- Ben forcément, on appelle ça en d’autres termes, la géopolitique ; ça risque de réveiller les banques qui s’endormaient sur leur fric. Et vous, Monsieur Ronchon, ça va vous réveiller sur la conscience internationale. Vous aviez tendance jusqu’à présent, à considérer que ce qui se passait en dehors des frontières ne vous concernait pas, ou si peu. C’est de l’alter mondialisme.
- Bien, pourquoi pas, il faut que j’y réfléchisse … et ton deuxième point ?
- Ah oui, et bien, c’est la défaite d’Al Qaida et de Ben Laden, qui se précise.
- !
- Le terrorisme de Ben Laden était la seule soupape des opprimés, le ballon d’oxygène si on peut dire, ou encore la seule partie visible de la misère du monde. Aujourd’hui, les peuples se sont pris seuls en main et c’est mieux pour la démocratie.
- Ton analyse semble tout à fait intéressante, Amédée, je retiens les idées. Tu es en train de mûrir. Au fait, en parlant de maturité, comment vont tes amours, mon petit ?
- Ca va, ça va…
- Oh toi, tu me couves quelque chose. De la façon dont tu me réponds, je me doute bien que les choses pourraient mieux aller, je me trompe ?
- Et bien, pour ne rien te cacher, Julia m’a dit qu’elle était d’accord pour que j’aille la rencontrer dans son pays, mais elle ne veut plus venir chez moi dans deux mois comme c’était prévu. Elle me contrarie très fortement, je dois dire !
- Ah ben ce n’est déjà pas si mal si elle t’accepte chez elle, il faut être positif, nom de D.
- Non, je ne souhaite pas aller chez elle s’il n’y a pas de suite. D’ailleurs elle me reproche par mots à demi voilés d’être trop mou. Dans sa famille, ils sont très… vivants, m’a-t-elle dit.
- Trop mou ? Je n’ai pas trouvé. Mais pour qui se prend-elle ? Je vais te la calmer moi, laisse moi lui dire un mot, tu vas voir. »
A l’instant, Mam’Yvette, qui passait par là, s’incruste dans la conversation et vient au secours du pauvre Amédée, si piteux, à l’instant présent.
- « Calmez-vous, Monsieur Ronchon, je la connais, cette petite, elle est gentille, elle a juste un peu besoin de tranquillité pour pouvoir faire mûrir sa réflexion ; elle ne souhaite pas s’engager comme ça, avec le premier venu, même si Amédée est très gentil ; que voulez-vous, c’est une personne responsable. En amour, il faut savoir faire des concessions ; on récolte ainsi les fruits de la passion.
- Toujours une âme de poétesse, Mam’Yvette !
- Merci, je sais, je sais.
Monsieur Ronchon : - Au fait, j’ai acheté une douzaine d’huitres pour ce midi devant la halle du marché.
Mam’Yvette : - Et quoi, comme variété ?
- Des 5.20 euros !
- Comment ? J’ai mal compris, vous pouvez répéter s’il vous plaît ?
- Je disais : des 5.20 euros. Je prends le tarif intermédiaire.
- Attention, Monsieur Ronchon, vous pourriez avoir des surprises en vous contentant du prix. Il faut connaître l‘origine, la taille, la qualité. Février c’est bon, c’est un mois en « r », mais en mai, il faudra faire la pause, même si ce sont des 5.20 euros ! hi ! hi !
Sur ce, Amédée, Monsieur Ronchon et Mam’Yvette se saluent et prennent des chemins différents, en attendant de se retrouver pour d’autres sujets de discussion…