Témoignages (13)

Publié le par M. G.

 

 

 

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Entretien avec Janine,

Ex-commerçante ambulante en confection : 


 

 

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Janine, merci d’accepter de répondre aux questions du blog « Regards adéens » ; nos lecteurs voudraient en savoir un peu plus sur ton ancien métier :

 

  Comment es-tu venue à la profession ?

J’habitais à Nousty, petite bourgade des Pyrénées atlantiques. Après avoir passé mon certificat d’études à 14 ans, en 1951,  j’ai rapidement rejoint mes parents, sur les marchés, dans la vente de tissus au mètre. Ils avaient un camion Citroën. Lorsqu’on arrivait sur le lieu de travail, on déballait les rouleaux dans des vannettes qu’on posait sur des trépieds, à l’abri sous un barnum.


  Est-ce que tu as réalisé tes rêves d’enfant ?

Disons que je n’ai pas choisi, mais, j’ai eu la chance de faire ce que j’aimais, malgré les difficultés dues aux changements de saisons, aux fortes variations de températures,  à l’entretien du camion, aux crevaisons…


  Quel était ton secteur de travail ?

Ces tissus permettaient de faire des tabliers, des chemises, des matelas, des robes ou des torchons.

Autour de moi, sur la place, on trouvait, comme aujourd’hui, des charcutiers, des marchands de chaussures, des brocanteurs … et surtout, le foirail avec volailles et bétail.


  Quelle était ton organisation ? Ton rapport à la clientèle ?

         On travaillait, certains jours, au marché et d’autres, mon père restait à la ferme. Les marchés étaient à Nay, Pau, Tarbes, Soumoulou ou Morlaàs. La plage horaire de travail était : 8h30 - 18h. La pause repas de midi se faisait, à l’aide d’un réchaud, sur place, avec les aliments amenés.

On recevait, pour les stocks, les représentants à la maison, je faisais la comptabilité le soir. J’avais le weekend en repos.

Au cours de ma carrière, j’ai eu 3 camions différents, c’est dire, si ces engins sont endurants et fidèles. C’est le garage Lesbaches, à Nousty, qui me permettait de suivre l’entretien mécanique nécessaire à l’usage.


  Que conseillerais-tu à un jeune ? Que retiens-tu de cette carrière, envahissante et prenante à la fois ?

J’ai rencontré des « gens simples » de la campagne, des paysans, qui n’avaient pas de voiture et qui se déplaçaient en bus, pour se rendre au marché. J’ai rencontré des gens très ouverts qui se confiaient facilement et qui rendaient la vente plus facile ; rapports de confiance, de confidence, de partage d’existence ; j’ai eu comme clients pas moins de 3 générations, de la grand-mère à la petite-fille, les derniers temps ! Mon fils Thierry a pris le relais en 1997,  je continue à l’épauler, le conseiller, l’assister, car c’est plus fort que moi. J’ai besoin encore aujourd’hui de l’ambiance des marchés, en retrouvant mes amies autour d’un café, en faisant les courses sous les halles, en ayant des histoires à raconter ou entendre du temps jadis. On me reconnait et ça me fait toujours plaisir.


  De quoi était fait ton quotidien ?

Il fallait s’occuper aussi des retouches, des ourlets que je faisais faire par une professionnelle. C’était un métier d’écoute avant tout. Je m’effaçais pour devenir en quelque sorte un miroir, une psychologue, une amie. 


  Ton métier a-t-il évolué ?

 A 18 ans, mon père étant décédé de maladie grave, je me suis investie d’avantage dans le commerce, en commençant par conduire le camion . Aujourd’hui, ce n’est plus du tissu qui est vendu mais du prêt-à-porter. Un magasin a été ouvert dans les années 80, à Soumoulou. Les Africains sont présents un peu partout aujourd’hui.


  Comment conciliais-tu ton métier et ta vie de famille ?

Je me suis mariée en 1961. Plus tard, je me faisais aider par mes parents et ma belle-mère pour garder mes enfants.  Ces-derniers, petits, m’accompagnaient parfois sur les marchés ; il leur arrivait de faire la sieste dans un coin du camion, d’aller à la piscine l’après-midi. Ils aimaient beaucoup le moment du repas de midi. Ils allaient regarder les étalages de bouquins, de jouets et se faisaient des amis sur place.

 

  Et aujourd’hui, Janine, quels sont tes loisirs ?

Je vais au cinéma avec des amies, j’ai 3 enfants et 6 petits-nfants. Je suis plus près de mon mari Jacques. J’assiste régulièrement aux représentations théâtrales des Exquis Mots, je suis allée en bus touristique, avec A.D.E, au Pays Basque et à  Albi. 

 

 

 

 


Publié dans locaux

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D
Pour ce qui est du récit, il est très bien structuré et équilibré, la chronologie respectée permet d'avoir une vision claire de ce que tu voulais décrire.<br /> Rien à redire, si ce n'est que ta mère était une vraie "entrepreneuse", une sorte d'aventurière des routes, à cette époque (qui nous semble proches à nous quinquas), quelques années à peine après<br /> la guerre ( 1945 - 1960 c'est peu ), la motorisation de masse balbutiait, les commerçants entreprenants se sont lancés à la poursuite des clients.<br /> Le plus surprenant est qu'elle a pu maintenir son activité sous cette forme durant toute sa carrière, et ce n'était pas par facilité, affronter les printemps venteux, les étés torrides, les<br /> automnes humides et les hivers glacés, chapeau !.<br /> A la même époque, (elles sont contemporaines) Solange Laclau, la cousine de mon père, avec son mari sillonnait aussi les routes, un commerce d'épicerie avec un "Tube Citroën", ils allaient de ferme<br /> en ferme, sillonnant le canton. Ensuite ils ont monté un supermarché à Soumoulou. La disparition prématurée de son mari Roger n'a pas découragé cette mère courage de 3 enfants. Elle est partie<br /> monter un hypermarché sur Billère, puis un autre, et encore un autre. Tout ça avec un simple certificat d'étude. C'était une autre époque.
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