Témoignages (34)

Publié le par L. S.

 

 

 

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Mes horizons étaient teintés de mauve

 

(Suite - 18)

                                        Laurence S.

 

    J’aime me retrouver en famille, chez moi, entourée de tous. Désormais les enfants et petits-enfants ont pris leur envol, c’est bien normal. Michel nous revient régulièrement de Paris pour quelques jours de congé à notre grande joie. Monique et Martine ne manquent pas une visite, à l’occasion, et nous échangeons quelques anecdotes. Marie-Françoise vient nous voir au quotidien avec Sandra lorsqu’elle est disponible, souvent prise par son travail et ses multiples loisirs. Pierre et sa compagne Anne-Claire reviennent durant les vacances scolaires. « Mimi », le petit dernier, devenu un jeune homme séduisant, sa drôlerie et son affection ajoutant de la fraîcheur à son charme, a choisi de rester vivre à nos côtés. Maxime, à ce jour, est parti pour trois mois faire un stage en Andalousie dans le cadre de ses études de commerce international. Ses parents accompagnés d’Emilie, sa petite amie, vont lui rendre visite une semaine. Je regarde parfois les photos archivées dans notre fameuse boite à biscuits « Petit Brun ». Là, je retrouve la photo d’un ami très cher du temps de notre jeunesse. Et quel ami ! Cher Jeannot, toi qui n’es plus, hélas, tu savais nous apporter tant de bonheur. Tu nous rendais souvent visite et nous étions tous deux très complices. Après un mariage qui ne t’avait pas rendu très heureux, tu avais su trouver une épaule réconfortante auprès de moi, en tout bien tout honneur, sachant que j’avais mon Rodolphe . Tu aimais venir à la maison et là tu me confiais tes secrets et tes soucis. Ta femme, jalouse, autoritaire et possessive, avait ce besoin incessant de renouveler son intérieur ou sa garde-robe. Il fallait alors se débarrasser au plus vite de ces « encombrants ».  Nous n’étions pas en manque, mais quelques-uns de tes meubles avaient pu profiter aux enfants plutôt qu’à la décharge ou à Emmaüs. Un petit coup de pouce pour leur installation en ménage nous faisait plaisir à tous deux. Le mobilier était en bon état et les enfants ravis de ces aubaines. J’étais heureuse de tes visites, mon ami fidèle au grand coeur. Du temps d’avant, tu me disais que j’étais « ton rêve » mais mon avenir n’était pas pour toi. Pardon si le destin ne t’a pas choisi, je ne voulais pas te voir malheureux et mon affection pour toi était sincère. Quelquefois, me sachant toujours très coquette, tu me portais des robes ou des manteaux de qualité presque neufs que ton épouse ne voulait plus. Malheureux en ménage, tu entretenais fort heureusement des relations très chaleureuses avec tes enfants qui te le rendaient bien. Un jour, une voisine médisante avait rapporté à Pierrot des ragots à notre sujet. Ces propos malintentionnés à notre égard avait fortement contrarié ce dernier très à cheval sur les principes. Sa notoriété d’adjoint au maire de la ville ne devait pas en pâtir. L’hiver, la cité mariale étant plutôt calme, certains lourdais se complaisaient  dans ce genre de médisances qui venaient sans doute remplir leurs journées monotones. La mentalité lourdaise, c’est bien connu, se délecte de ces bruits malsains que craint le « qu’en dira-t-on ? » Comme la jalousie peut rendre cruel ! Je remercie Dieu de ne pas m’avoir dotée de ces sentiments délétères qui rongent ces gens qui phagocytent la vie des autres de leurs ongles ravageurs. Je suis heureuse d’avoir vécu l’âme légère, malgré cette culpabilité hasardeuse qui hante parfois mes nuits et mes jours de remords malveillants. Très cher Jeannot , j’étais désolée pour toi, craignant le scandale auprès des tiens ou de Pierrot qui était aussi ton ami. Ainsi, je comprenais ta décision de ne plus vouloir venir à la maison après cet incident. Alors, tu nous téléphonais et nous causions librement, en vieux amis. Tes sentiments n’avaient pas changé malgré les années. Mon amitié pour toi était restée également intacte. Je t’avais et je te garde au fond de mon coeur tout autant que ma famille, mes petits et celui qui fut toute ma vie, mon cher et adoré Rodolphe.                         

 

 

(A suivre)

 


 


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