Regards philosophiques (149)

Publié le par G6L. P. / J. C.

Thème :

« Internet, un univers postmoderne ? »

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Débat  :

► Je me pose la question : comment cela s’est-il créé ? Cela me semble couvrir tous les sujets qu’on peut imaginer, et au-delà…

► On nous dit toujours que l’armée américaine a créé Internet ; d’autres sources nous expliquent comment les hippies des années 60 ont créé les premiers réseaux afin d’élargir la communication et créer une communauté virtuelle. Ces premiers réseaux, dit-on, ont été imaginés sous LSD. Ces techniques, entre génie et bricolage, ont vite été récupérées par l’armée américaine, qui a aussi embauché certains de ces premiers concepteurs et a pu ainsi se réclamer de la paternité. On dit également que parmi les premiers concepteurs, et parmi les meilleurs, il y avait des autistes. [Source : Les nouveaux maîtres du monde. Arte. Théma. Émission du 7 juin.2011.] Il reste que c’est un outil qui s’est fabriqué petit à petit.

► On a dit qu’il fallait une certaine discipline pour naviguer sur Internet, sinon on est vite perdu, et parfois, de lien en lien, on finit par ne plus savoir ce qu’on cherchait initialement.

► En 1958, la société Bell crée le premier modem permettant de transmettre des données binaires sur une ligne téléphonique. En 1961, Léonard Kleinrock publie une première théorie sur l’utilisation de la communication de paquets pour transférer des données. En 1962, début des recherches par ARPA, une agence du département de la défense nationale américaine (idée d’un réseau global d’ordinateurs). En 1969, premières connexions d’ordinateurs entre 4 universités. En 1984 : 1000 ordinateurs connectés ; en 1987 : 10 000 ; en 1992 : 1 million ; en 1996 : 36 millions ; en 2000, explosion de la bulle Internet : 368 540 000 ordinateurs connectés. (Source : Histoire d’Internet sur Wikipédia)

► Il faut rappeler le système Minitel lancé en 1980, précurseur d’Internet en France.

► Nombre de philosophes parlent d’une véritable révolution culturelle aussi importante que celle pour les humains lors de l’apparition de l’écriture et, en moindre effet, lors de la diffusion des premiers livres imprimés. Nous sommes passés du monde de l’écrit au monde de l’image ou, comme le dit Régis Debray, de « la graphologie à la vidéo sphère » ou encore du papier à l’écran. On tournait la page, on notait, on recopiait ; maintenant, on déplace le curseur. Pour garder, on fait un simple copier-coller et on classe. Sur papier, on lit, tandis que sur un document numérisé, on consulte. On peut penser d’une façon très positive, comme Michel Serres et d’autres, que le numérique est appelé à nous aider à développer notre intelligence, ceci en nous obligeant à nous adapter sans cesse à une technologie en évolution, que c’est un nouveau bond pour l’humanité, qu’Internet va faire croître la circulation des savoirs, que cela va créer de nouvelles passerelles du savoir. Des chercheurs ont observé que lorsque nous lisons sur un livre, ou que nous lisons sur une tablette, un ordinateur, ce ne sont pas les mêmes neurones qui travaillent. De là, ils nous disent que des parties de nos structures neuronales sont inexploitées et que la logique numérique va nous aider à développer notre intelligence. Ceux qui partagent cet optimisme nous rappellent que l’écriture, le livre, n’ont pas fait reculer l’aptitude des individus à évoluer, à penser leur monde, à progresser dans leur communication, dans leurs échanges…Cette vue optimisme n’est pas partagé par tous. Certains prétendent que « la consultation » en lieu et place de la lecture sur support papier, déconnecte le processus de mémorisation. Il n’y a plus à faire l’effort de se souvenir, puisque ce savoir (dit aussi : savoir sous la main) sera toujours à notre portée, à « un clic », et qu’il n’est pas besoin de s’embarrasser inutilement l’esprit. Le fait également d’avoir accès à de plus en plus d’information, bientôt la plus grande bibliothèque à la portée de tous, fait que le cerveau est dans l’incapacité de tout mémoriser ; alors, ne pouvant tout capter, il choisit de ne rien capter ; les neurones se mettent au repos.   Pouvons-nous vraiment confier notre mémoire à des garderies et l’externaliser vers des « clouds », dans des « nuages ». « Redoutable la question qui suggère combien nous pourrions nous complaire à céder le pouvoir à ces machines qui nous dépossèdent de notre mémoire, et donc aussi, de notre identité. La servitude technologique volontaire serait notre destin et justifierait l’absence de résistance opposée au posthumain qui s’annonce. » (Demain les posthumains : Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Jean-Michel Besnier. P. 142/143).

► La vision optimiste est contredite par des enseignants qui font remarquer qu’au niveau de la chronologie, les élèves mélangent le 16ème siècle avec le 18ème siècle ; ils  placent, dans les copies, Hitler au 18ème siècle. Les enseignants s’inquiètent de ces confusions de temps et d’espace. Le zapping fait que les connaissances acquises sont partielles et, de plus en plus, des lambeaux de concepts se trouvent mélangés. La notion de l’autre disparaît. Michel Serres, dans une présentation de son dernier livre, Petite Poucette, disait que la personne qui n’a plus de repères précis dans le temps et dans l’espace est un peu perdue dans ses relations. Par ailleurs, aujourd’hui, les réseaux sociaux sont en train de prendre une part prépondérante dans les informations. Si vous écoutez bien les radios le matin, on parle beaucoup de ce qu’untel ou untel a écrit sur les réseaux sociaux en réaction à vif et on demande l’opinion d’un internaute qu’on avait déjà sélectionné à l’avance. Il y a une espèce de fausseté, de vies qui s’enroulent.

► Texte de Michelle : 

Internet m’attire, m’intrigue, me fascine, m’interpelle, m’inspire parfois. Je ne suis pas fanatique, mais je m’adapte, mes neurones sont en ébullition ; Action, réaction, il faut que je retourne à l’école. Internet n’est pas net, dans ma tête, je ne contrôle plus le clic droit, ni le clic gauche. Donnez-moi le mode d’emploi, mais surtout le plus simple. Ma conclusion est mon cauchemar, réveillez-moi de cette insomnie.

(A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.

 

Publié dans culturels

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