Roman : La mystérieuse robe blanche (26)
Puis, ils entonnèrent quelques airs, qu’ils reprenaient maintenant en choeur avec les bandas :
« Etoile des neiges, L’incendie à rio, Le petit cordonnier » et bien d’autres encore … Car ils les savaient toutes, sans exception. Ils prenaient un réel plaisir à partager ce moment de fête. Soudain, entre deux airs, on entendit chanter à l’autre bout de la buvette :
- Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire !
Ils répondirent à l’appel et enchaînèrent le refrain tout en se rapprochant des intéressées, un groupe de filles qui venait d’arriver :
- Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire !
En regardant de plus près, Tédéric s’aperçut que l’une d’entre elles était vêtue d’une robe blanche à fines bretelles. Il ne semblait pas la connaître. Ses cheveux bruns, coupés dans un carré plongeant, laissaient entrevoir une nuque parfaite.
De là étant, il ne pouvait l’apercevoir que de profil.
Portait-elle une broche ?
Etait-elle là pour lui ?
Etait-ce une coïncidence ?
En tout cas, il ne la quittait pas des yeux.
L’une d’entre elles s’en étonna et lui fit savoir illico, lui glissant quelques mots à l’oreille.
La fille en blanc se retourna, le dévisageant à son tour.
Elle lui fit un signe de la tête comme pour lui signifier qu’elle l’avait reconnu.
Mais il ne la connaissait pas !
Cependant, il lui trouva beaucoup de charme et en resta tout confus. Puis, les conversations reprirent entre elles. La belle se détourna. Lui ne pouvait s’astreindre de la quitter des yeux, mais pour autant, il n’osa l’approcher.
Il resta figé, longtemps, sans pouvoir agir.
Bien malgré lui, il s’obligea, par délicatesse, à s’en défaire, et se tourna vers les bandas.
Il se montrait faussement intéressé par cette musique, plutôt assourdissante, qui lui bourdonnait aux oreilles dans un fracas tonitruant. Elle, s’était audacieusement rapprochée de lui, sans qu’il ne s’en aperçoive :
- Bonsoir ! Lui glissa t-elle à l’oreille. On se connaît, je crois ?
- Je n’en suis pas si sûr ! Avoua t-il, désemparé.
- Mais si ! Je vous connais. Vous êtes Monsieur Genêts ?
Je travaille à la pharmacie des Halles à Lourdes.
Vous y venez parfois pour votre mère !
- Ah, oui ! C’est vrai ! Excusez-moi, je ne vous avez pas reconnu. Lui dit-il d’un air navré.
Elle enchaîna :
- Comment va-t-elle ?
- Qui donc ? Demanda t-il désemparé.
- Eh bien ! Votre mère !
Avait-elle ajouté en riant de bon cœur.