Roman : "Au cœur de la tempête" (18)

Publié le par M. P.

Roman :
             

Au cœur de la tempête
                                         

                                            Martine POUTOU

18


Le bonheur ! « Cours-y vite, il va filer ! » Disait le poète. Sauf que le sien ne filait pas, il s’amplifiait de jour en jour, si bien que son retour à Adé ne l’enchantait plus qu’à moitié. Dès que Joël était loin d’elle, il lui manquait atrocement. Cet amour fou lui torturait l’esprit.
Son absence jaillissait alors comme un vide impossible à combler. Cette dépendance, telle une drogue, inoculait en elle une douleur amère et incorrigible.
Ses baisers sucrés nourrissaient son être tout entier.
Ses caresses laissaient sur son cœur, le souvenir d’un arc-en-ciel que l’on voudrait ne voir jamais s’éteindre.
A chaque seconde qui passe, nos pas effacent, derrière nous,  les traces des sillons de nos vies.
Comme il est dur alors de la laisser filer, cette vie douce et belle ! Mais que faire, sinon se résigner ?
Notre seule consolation étant que d’autres moments viendront, aussi intenses, remplaçant celui-là.
Plus le bonheur est grand, et plus l’instant qui suit vient douloureusement torturer nos esprits. Heureusement, la mémoire est là pour le lui rappeler, et le souvenir vient alors remplacer la peine.
La vie est faite de tout et de son contraire :
La nuit et le jour, l’ombre et la lumière, la tristesse et la joie, le chaud, le froid, l’hiver, l’été, la jeunesse, la vieillesse, la naissance et la mort …
L’homme a nommé les choses afin de les identifier mais aussi afin de les différencier de leur contraire.
L’un ne peut exister sans l’autre. Et Candice, désormais, ne pouvait plus exister sans son autre. Comme s’il était devenu sa moitié. Pouvez-vous alors imaginer la douleur de le perdre ? L’éloignement fut un déchirement !
Elle n’aurait jamais pensé que cela lui pèserait autant.
Joël lui avait pourtant proposé de rester sur Pau afin de vivre auprès de lui dans son appartement de la rue Paul Doumer. Mais elle voulait réfléchir, prendre du recul. C’était désormais chose faite, et c’était une évidence. Cette rupture lui avait permis de comprendre combien elle était attachée à lui. Cet homme était fait pour elle et rien désormais ne pourrait empêcher leurs vies de s’abstraire.
Lors de leurs communications téléphoniques quotidiennes, elle avait toujours du mal à raccrocher.
Elle ne pouvait plus  s’en défaire. Longtemps après, elle restait hagarde, pensive, triste et rêveuse.
Il ne quittait plus ses pensées. Rémi et Claire s’étaient enthousiasmés de cet amour nouveau.
Ils la voyaient transformée et partageaient entièrement son bonheur. C’était décidé ! Elle resterait auprès d’eux encore quelques mois après la naissance du bébé. Ensuite, elle irait s’installer chez Joël. Depuis son retour, elle n’était retournée à Pau qu’à deux reprises pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait plus de voiture. En effet, lors du retour de son deuxième trajet, elle avait dérapé sur une nappe de verglas, percutant une murette à l’entrée de Soumoulou.




 

(A SUIVRE)

 

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