Roman : "Au cœur de la tempête" (42)

Publié le par M. P.

Roman :
             

Au cœur de la tempête
                                         

                                            Martine POUTOU

42

Article précédent

Elle était épuisée moralement et physiquement. Son bras la faisait atrocement souffrir. Malgré tout, elle s’efforçait de survivre, se débattant dans les eaux glacées de la peur.

Elle subissait tout simplement de façon passive et apathique l’ignoble hégémonie qui habitait cet être :

- J’attends de ta part des explications claires concernant notre situation.  S’insurgeait-il.

Candice était sidérée par les propos que lui tenait Joël.

Sans voix, désarmée, sans atouts, elle attendait que vienne une aube calme et ensoleillée, piégeant la présence du loup soudainement pris dans les filets de soie blanche de la nuit.

Elle devait récupérer la force de sortir de cette cellule froide et misérable, détruire la toile d’araignée mortifère qui la ficelait dans le temple de la douleur.

Mais comment agir contre ce pouvoir maléfique et névrotique qui l’avait ensorcelée ?

Elle devait opérer avec stratège. Elle obtempéra pour une attitude posée, avançant à petits pas, dans un calme fallacieux, fait de propos retors.

Alors, elle s’embarqua dans un monologue sans fin, racontant ses difficultés à supporter la solitude et l’enfermement, dénonçant sa phobie des orages, son mal-être, ses angoisses, son besoin viscéral de revenir vivre ici dans la maison de son enfance.

Son enfance ! Évoquant ses manques, elle sanglotait.

Elle devait jouer le jeu.

Elle qui n’avait jamais su mentir, voilà qu’elle se trouvait soudain de forts talents de comédienne.

Il lui sembla bien que Joël y croyait.

Maintenant, il la serrait contre lui, elle ne montrait aucune réticence. Elle éprouvait cependant le désir manifeste d’un rejet total, mais n’en fit rien.

Jusqu’où pourrait aller sa capacité de soumission ?

Elle pleurait cette fois, pour de vrai. Ses nerfs lâchaient. Elle était vidée. Il y avait si longtemps qu’elle retenait ces larmes. Pleurer lui faisait tant de bien !

Elle repensa à tout ce qu’il lui avait fait subir.

Du bonheur tant attendu qui, tel une bulle de savon, s’était évaporé avant même qu’elle n’ait pu le  toucher.

Ces instants de jeunesse ratés où elle avait attendu désespérément des bras cajoleurs et  de tendres baisers.

Ce petit moment de trêve lui fit remettre les pieds sur terre. Elle l’observait, concentré, à l’écoute, obnubilé par le seul désir de se satisfaire. Il n’était pas attentif à ce qu’elle disait, mais plutôt réceptif à tout ce qui les entourait, au moindre bruit de la maison …

Elle ne le sentait pas tranquille, toujours à l’affut d’un éventuel incident, ce qui empêchait cet homme de lâcher réellement prise. Candice ne sait où elle puisa ses forces, mais la prudence occupait sans cesse ses pensées, l’obligeant à sauvegarder son calme tout en restant connectée à tous les signes manifestes pouvant l’aider à déflorer ses pensées. Tant que l’on n’a pas vécu ce genre d’expériences, on ne peut savoir combien l’humain peut contenir de réserves de survie en lui. Le cerveau possède un pouvoir prodigieux insoupçonnable.

 

(A SUIVRE)

 

Publié dans culturels

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article