Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (9)

Publié le par M. P.

Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
                                                        
                                                       Martine POUTOU
 
9
Mais, par la suite, les choses s’étant avérées, ils durent tous admettre que j’avais un don.
- C’est incroyable tout ceci ! S’était exclamée Ambre, encore toute retournée. Si tu savais quel bien ça me fait d’être là avec toi et de t’écouter me raconter tout ça !
Elles s’en amusaient, sous le ciel bleu et le soleil rieur de cet automne doux et fragile, à l’instar de ce jour de vacances où l’évocation d’un bonheur à venir mettait du baume au cœur d’Ambre, encore légèrement éprouvée.
Puis, elles s’étaient rendues à la bibliothèque.
Elles avaient croisé Lou sur le chemin.
Rien dans son attitude ne laissait supposer quoi que ce soit, toujours aussi épanouie, si ce n’est plus.
Ambre, qui n’aurait su cacher sa rancune, se montra carrément distante à son égard, ce qui ne sembla pas l’inquiéter outre mesure.
Elle mit sûrement cela sur le compte de la mauvaise humeur.
Elle savait bien que le matin, sa rencontre avec Rafaël était plutôt ratée.
La colère d’Ambre ne désamplifiait pas.
Mais elle trouvait le moment inapproprié pour régler ses comptes. Tôt ou tard, cette trahison ferait boomerang sur ces deux-là.
En attendant, la douleur ressentie au fond d’elle-même harcelait tout son être. Jeanne avait passé la soirée avec elle. Elle lui avait tiré les cartes, qui confirmaient ses dires.
Elles s’étaient quittées, tard dans la soirée, sachant qu’elles se verraient encore quelques jours afin de finir leur travail à la bibliothèque, avant de rejoindre chacune leur famille respective la semaine avant la Toussaint.
Ambre nous avait téléphoné, nous confirmant sa venue. Elle me confia alors la joie qu’elle aurait de nous retrouver tous pour ces quelques jours de congé, ses parents venant également.
Elle nous dit aussi combien nous lui manquions.
Elle avait peu et mal dormi cette nuit-là.  
C’était une nuit où la lune avait glissé sa tête dans les nuages. Une nuit sans fard et sans paillettes. Une nuit où les étoiles avaient décidé, d’un commun accord, d’éteindre toutes les lumières. Une nuit de solitude amère où le silence s’était mis à narguer son espace de vie.
Ambre tournait en rond dans cette pièce triste et sans vie où se noyait son cœur.
Que faire alors, quand la tristesse vous assaille, sinon d’attendre que la douleur s’estompe et qu’elle ne vienne s’égarer, tapie dans un coin de soi, à l’ombre des regards malveillants jusqu’à se faire oublier, de sorte qu’on puisse en sortir vainqueur, la combattant de toutes ses forces en s’armant de courage, de volonté, parfois d’orgueil ou de pudeur, tout en restant digne, et surtout, surtout, en étant toujours honnête avec soi-même.
 
(A SUIVRE)
 

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