Regards philosophiques (254)
Thème :
« Qu'est-ce que la tolérance aujourd'hui ? »
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► Je partage les choses qui viennent d’être dites, je vois la tolérance comme étant une vertu individuelle, quelque chose qui nécessite un travail sur soi afin de prendre en compte l’autre dans sa dimension, de lui témoigner respect. Le problème auquel on est confronté, c’est qu’aujourd’hui c’est une vue de l’esprit, on vit dans un monde où l’intolérance est la marque générale ; je pense à toutes ces agressions, à ces épreuves de force, de provocation, comme en 1989 lorsqu’on a tenté de laisser porter le voile à l’école. Le Ministre de l’éducation d’alors, a botté en touche. Je crois que la tolérance implique un minimum de civisme, sinon elle n’existe pas.
Pour que la tolérance s’applique dans un pays il faut que l’Etat soit capable de se montrer intolérant, (au sens ne pas accepter).
Pour que la tolérance s’applique dans un pays il faut que l’Etat soit capable de se montrer intolérant, (au sens ne pas accepter).
► La position de notre gouvernement actuel du fait de beaucoup de tolérance rend l’édifice social fragile, et il faut savoir expliquer à tous quels sont les principes de la laïcité : c’est la tolérance des croyances, ce n’est pas comme a souvent voulu souvent le faire croire « bouffer du curé », mais c’est respecter toutes les croyances, mais il faut aussi parfois « serrer les boulons » face à certains dérapages. Le vivre ensemble c’est, des us et coutumes, et les lois républicaines. Si on très tolérant, si on ne réagit pas comme il faut, en temps utile, c’est le vivre ensemble qui en souffre. C’est chez les religieux islamistes intégristes que nous rencontrons le plus d’intolérance, si on ne vit pas suivant leurs principes on est des mécréants (aux deux sens du terme), et la moindre critique à leur égard c’est tout se suite de l’islamophobie. Du coup, il s’installe dans le pays l’auto censure, les gens n’osent plus évoquer les écarts à la loi républicaine.
► La tolérance n’est pas la même d’un pays à l’autre, telle la Grande-Bretagne par exemple, ou des pays où tout est autorisé, ça nous donne par exemple comme réponse le Ku Klux Klan aux USA.
► La tolérance n’est pas une valeur éducative.
1° Comme me l’a enseigné Michel Serres l’éducation, pour réussir doit être positive: on n’éduque pas bien contre, on éduque bien pour, on n’éduque pas bien à l’antiracisme, mais bien au métissage, on n’éduque pas au refus de la barbarie mais à des valeurs. D’ailleurs, éduquer c’est conduire vers des valeurs. L’éducation à la tolérance est une éducation négative et non pas positive comme l’éducation à des valeurs. C’est, éduquer à ne pas interdire, à supporter, à permettre. Ce n’est pas une éducation à proprement parler. L’enfant a besoin d’être instruit, d’être orienté, d’être conduit vers des valeurs, pour devenir un être humain et ne pas rester animal. Le pédagogue, selon des modalités différentes, conduit l’enfant vers des valeurs: aujourd’hui, en France au respect de l’autre, aux droits de l’homme, (les droits liberté-1789- et les droits sociaux-1948-), à la laïcité, à la responsabilité envers la Terre pour les générations futures.
2° Comme l’écrit Lévi-Strauss dans « Race et Histoire », « Le barbare c’est celui, d’abord, qui croit à la barbarie ». Le barbare, c’est l’ethnocentriste, qui ne reconnaît pas les autres cultures comme des cultures, les autres langues comme des langues égales à la sienne, qui les juge inférieures voire « sauvages ». Les racistes utilisent des mots d’animaux pour désigner les individus ou les peuples jugés inférieurs les bourricots pour les algériens par les colons, la vermine pour les juifs par les nazis, des sauvages… Éviter la barbarie, ce n’est pas être tolérant, c’est être éduqué à reconnaître l’autre et à le respecter comme un être humain.
3° Ce que m’a appris Locke avec sa « Lettre sur la Tolérance » c’est qu’une philosophie de la tolérance, une philosophie libérale, pêche par un défaut majeur : elle ne stimule pas la ferveur, le vouloir vivre ensemble. Encore une fois non à la tolérance oui à la foi qui n’est pas une foi particulière. Locke argumente cela en écrivant que le vivre ensemble dans un État passe par des lois imposées c’est à dire des règles communes pour garantir à chacun sa sécurité, sa liberté, la propriété des soi et de ses biens, et par la tolérance religieuse mais que néanmoins il y ait un seuil de tolérance: dans un État tolérant les athées, dit-il, ne sont pas tolérés parce qu’il leur manque la foi, la ferveur pour maintenir l’unité de l’État. Aujourd’hui dans notre État libéral où la tolérance est reine, avec les écueils énoncés, la foi en la volonté de construire un État juste et solidaire décline et cela m’attriste.
3° Ce que m’a appris Locke avec sa « Lettre sur la Tolérance » c’est qu’une philosophie de la tolérance, une philosophie libérale, pêche par un défaut majeur : elle ne stimule pas la ferveur, le vouloir vivre ensemble. Encore une fois non à la tolérance oui à la foi qui n’est pas une foi particulière. Locke argumente cela en écrivant que le vivre ensemble dans un État passe par des lois imposées c’est à dire des règles communes pour garantir à chacun sa sécurité, sa liberté, la propriété des soi et de ses biens, et par la tolérance religieuse mais que néanmoins il y ait un seuil de tolérance: dans un État tolérant les athées, dit-il, ne sont pas tolérés parce qu’il leur manque la foi, la ferveur pour maintenir l’unité de l’État. Aujourd’hui dans notre État libéral où la tolérance est reine, avec les écueils énoncés, la foi en la volonté de construire un État juste et solidaire décline et cela m’attriste.
► Nous avons des marques d’intolérance chez des jeunes qui à l’école contestent des cours d’histoire, de science, parce que ça ne correspond à leurs références religieuses. Il faut espérer dans l’évolution des mœurs et dans l’intégration. Et là où on a vu le sommet de l’intolérance ce fut lors des caricatures de Charlie Hebdo.
(A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements