"Ton mari est formidable !" : Acte 3 - Scène 5

Publié le par J. C.

Florine, complètement désemparée, déboussolée et furieuse, accueille Claire qui lui rend visite à l'improviste.


Florine : Claire, je ne sais qui t'envoie mais tu ne pouvais pas mieux tomber.

Claire : Je t'avais promis de revenir assez vite, je reviens.

Florine : As-tu entendu que je mettais Léon à la porte ?

Claire : Non mais je viens de le croiser et tout juste s'il m'a saluée.

Florine : Ne t'en offusque pas. C'est un lâche ! Ce n'est pas un homme !

Claire : Eh bien ! Depuis quand as-tu viré ta cuti et, si je peux me permettre, retourné définitivement ta veste ?

Florine : A l'instant... et au point où j'en suis tu peux tout te permettre, plus rien ne peut m'atteindre.

Claire : Ecoute Florine, même rapidement, tu vas me résumer l'état des lieux.

Florine : Voilà : j'apprends par Bernard qu'enfle la rumeur de notre séparation, non de mon fait, mais de celui d'Igor qui veut rejoindre sa copine Vanessa. Mon mari bien entendu dément. Mais il profite de l'occasion pour m'affirmer qu'il est au courant de la relation que j'entretiens avec Léon.

Claire : Le probable devient donc certitude.

Florine : Là-dessus, il ruse et pour ne point me laisser piéger, je m'empresse de faire part à Léon du devenir possible qui s'ouvre pour nous deux... Et là... douche glacée... refus catégorique... cataclysme imprévu... rupture définitive... et tu es arrivée...

Claire : Je comprends... au bon moment.

Florine : Tu me vois révoltée, écoeurée.

Claire : La nature humaine se comporte parfois d'une manière imprévisible, inconséquente, ingrate. Nous devons faire avec et nous montrer, nous, plus intelligents.

Florine : Tu réalises dans quelle drôle de situation je me retrouve ? Comment vais-je rentrer au bercail ? Gros-Jean comme devant ! Humiliée et soumise !

Claire : Ne t'inquiète pas, nous trouverons une parade.

Florine : Tu as une idée ?

Claire : Pas encore... par contre, la rumeur dont tu parlais, a-t-elle des fondements ?

Florine : J'espère qu'elle est infondée mais je n'en sais rien. Dans le cas contraire, je me retrouverais seule, sans mari et sans amant... Quel désastre ! Quelle catastrophe ! Quelle bérézina !

Claire : N'envisage pas toujours le pire ! Au contraire, c'est quand tout semble aller de mal en pis, quand on touche le fond, qu'on peut rebondir comme du fond d'une piscine d'un petit coup d'appui, on refait surface.

Florine : Facile d'être optimiste pour les autres !

Claire : Il est vrai que c'est plus facile de l'être quand tout va bien. Ne l'étais-tu pas un peu trop tout à l'heure en allant à la rencontre de Léon ?

Florine : Bien trop, oui.

Claire : Résultat, il te faut maintenant réagir en usant  du meilleur moyen : l'attaque.

Florine : Hélas, je n'ai plus aucune carte.

Claire : Et le joker, tu l'as oublié ?

Florine : Dis toujours.

Claire : Tu vas renvoyer la balle dans son camp.

Florine : Et sans raquette !

Claire : Tu vas, avec bon sens, lui poser un dilemme, un choix cornélien... qu'il aura lui à assumer et  peut-être beaucoup de difficultés à trancher.

Florine : Jamais je n'aurais été capable d'une telle réactivité. Mais termine Claire, tu me plais.

Claire : Tu vas lui annoncer qu'après mûre réflexion  pour vérifier la véracité de sa réponse quant à la rumeur précédente, tu l'invites, sur le champ, à choisir entre Vanessa et toi.

Florine : Tu es bien gentille mais tu m'obliges à prendre des risques.

Claire : Parce que de ta propre initiative, tu n'en as pas pris ?

Publié dans théâtraux

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