De la nature humaine... (1)

Publié le par J. C.


Résumons l'histoire vécue et narrée par un de nos amis.

« ...Un bel après-midi torride s'achève...

Un mirage s'évanouit... Les palmiers soupirent...

L'Atlas perdu apparaît enfin... monts improbables...

Devant moi, un homme est assis sur un banc.

Un homme barbu, très barbu, babouches aux pieds,

djellaba blanche, petite calotte sur la tête...

Je vois à son regard qu'il est prêt à engager la conversation.

De ses doigts raffinés, l'homme barbu, très barbu,

babouches aux pieds, djellaba blanche, calotte sur la tête,

épluche méticuleusement une orange.

Puis, ayant avec minutie retiré le dernier fragment de peau,

l'homme barbu, très barbu, babouches aux pieds,

djellaba blanche, petite calotte sur la tête,

l'homme au visage bon partage son orange en deux et,

d'un geste délicat, me tend une moitié.

- Tenez, Monsieur ! »


Ah ! que tu as dû, toi l'ami tel que nous te connaissons,

apprécier comme il se doit cette orange, offerte ainsi,

sans façon, avec une générosité naturelle, si rare pourtant

qu'elle surprend, étonne, méduse nos esprits conditionnés !

Elle avait, l'imaginons aisément, une saveur particulière,

un goût exceptionnel, assurément un goût de revenez-y !

Dans ce cadre merveilleux -Sud du Maroc-, si bien traduit,

ce geste, spontané, aussi inattendu qu'imprévisible,

venant d'un autochtone, d'un marocain lambda du peuple,  

sans doute plutôt pauvre comme beaucoup de marocains,

laisse à vrai dire encore espérer quant à la nature humaine.

Foncièrement, ne serait-elle pas aussi noire, perturbée

que nous le pensons, voulons le croire habituellement,

l'admettons nous aussi souvent un peu trop facilement ?

Comment, en effet, ne pas voir dans cette action,

y constater, y déceler malgré un environnement hostile,

une lueur d'espoir, une fulgurance humaine authentique

laissant entrevoir un avenir meilleur, des jours plus radieux ?

D'ailleurs, les hommes, dans l'ensemble, ne seraient-ils pas

davantage sages si on leur offrait simplement, durablement,

tout au long de leur vie, et sous tous les continents,

les possibilités d'un réel épanouissement individuel ?

Si on ne les incitait pas à s'entretuer, à se faire la guerre,

pour le plus grand malheur naturellement de tous et toutes,

ne seraient-ils pas, dans de bonnes conditions d'existence,

matérielles et donc morales, individuelles et donc collectives,

assez raisonnables, assez lucides, assez intelligents,

assez responsables, assez citoyens, assez respectueux

pour vivre en harmonie entre eux comme avec la nature

et se satisfaire d'une quête personnelle d'hédonisme

à travers autrui, les autres, leurs « frères », leurs semblables

quelles que soient leurs différences, leurs particularités

ethniques, culturelles, religieuses ou de peau ?


                                                                                                (A suivre)

           

Publié dans citoyens

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