Hommage d'un père... à son fils
Hommage à Jérémy tué lors des fêtes de Nay de l’an dernier... par son père
En ce doux matin du mois de mars, j’ai revêtu mes guenilles et chaussé mes sabots, déterminé à arpenter notre jardin pour en contempler les couleurs aux tons qui se révélaient harmonieux sous
les effets d’une lumière timide qui jouait à cache-cache avec les nuages.
Ces derniers en éclipsaient parfois l’éclat donnant à la nature cet indicible chatoiement avant d’en rehausser le panache aboutissant ainsi au spectacle matinal d’un jardin qui se réveillait en annonçant la naissance du Printemps.
Il s’est installé….Jérémy,
Le printemps est arrivé, mon Fils… !!!
Il vole de-ci deçà au gré du vent, le Printemps…et du bout de ses doigts, touche mon cœur chaque fois que sa main recouvre de couleurs les arpents de cette terre que je me souviens t’avoir vu fouler maintes fois aux côtés de notre Chien qui t’a si bien fait courir et t’a tant fait rire… !!!
Il t’attend…Jérémy,
Notre chien attend que tu lui lance ce bâton, mon Fils… !!!
Le Printemps s’agite soudain, sacrifiant au vent le soin d’encenser chaque recoin de notre terre du parfum
auquel se mélange celui d’un bol de chocolat chaud récemment réchauffé posé prés d’un morceau de pain tartiné de Nutella.
« Je t’ai préparé ton petit Déjeuner….Jérémy.. !!! », s’écrie Corinne.
Je regarde vers elle.
Elle t’attend…Jérémy,
Ta maman t’attend, mais elle pleure sans que je sache pourquoi, mon Fils… !!!
Alors…Je te cherche et mes pas me conduisent à ta moto que tu as plaisir à camper sous cet arbre qui fait ton bonheur.
Tu le trouves majestueux, dressé dans des couleurs roses et pourpres, peut-être parce qu’il rehausse l’aura
du jaune de ta ‘’Belle’’… !!!
Persuadé que son ronflement te fera sortir de ta cachette, je souris…en posant ma main sur les clés de contact.
« Je la démarre…Jérémy.. !!! » te dis-je.
Je suis là mais l’étincelle de mon regard s’éteint,
Je t’attends, mais tu ne viens pas et je ne sais pas pourquoi, mon fils… !!!
Quand soudain, Il y a ce cri déchirant qui traverse le théâtre de notre vie.
Ce cri de douleur et de désespoir que pousse ta Maman quand elle apprend l’horrible chose, Ce cri qui pénètre mes tympans et m’arrache de mon rêve me ramenant brutalement à la cruauté humaine.
Je réalisais alors que le temps d’un battement de cils, j’étais parvenu à m’échapper de l’horreur de notre vie.
… ‘’L’instant d’un battement de cils, je me suis endormie un matin d’hiver, transit par la douleur de t’avoir perdu.
…Une saison qui a duré 7 mois pour me projeter vers un printemps que je voulais rare mais que même…!!!...sa beauté naturelle n’a pas suffit à me convaincre qu’il serait l’embellie que j’attendais.
…La durée d’un battement de cils, mon cœur s’est réchauffé et j’ai connu le bonheur de croire que tu étais parmi nous, Jérémy.
J’y ai tout vu et tout ressenti, mon Fils… !!!
Le bonheur de passer ma main dans tes cheveux, parfumés de mille fleurs et de mille couleurs,
Celui de m’aveugler dans ce regard aux milles éclats de l’ange qui joue avec les nuages,
Celui d’y sentir le parfum de ta peau au goût de chocolat,
Celui de ta respiration essoufflée, d’avoir tant couru
Celui des grognements du Chien qui jouait que j’associais au bruit de ta Moto
Mais aussi…
Ce Grand Malheur d’y avoir entendu ce cri…. !!!
Le prodige du rêve, c’est aussi ça,…alors...
…Laissons le Bruit faire l’histoire et prions surtout que celle-ci ne soit pas édifiée sur la base du mensonge qui consisterait à faire croire que tous ceux qui comparaîtront devant leurs juges sont des Saints… ».