La marche des forgerons
Poème précédent : Renouveau
La marche des forgerons
J’entends, j’entends marcher du fond de ma mémoire
Cet air des forgerons que j’écoutais le soir
La place des tilleuls était comblée de monde.
Sous le kiosque, l’été, à 100 lieux à la ronde
Jaillissait la musique emportée par le vent.
Et voilà qu’elle m inonde ! Je l’entends ! Je l’entends !
Cet air que je rejoue sur mon piano tremblant
Le son n’est pas le même le son me traversant
Il vient me rajeunir au bras de mon aïeul
Au soir de mon enfance, l’été, sous les tilleuls
La marche des forgerons en moi est bien vivante
Parfois en pleine nuit je l’entends qui me hante
Elle me poursuit sans cesse laissant mon cœur blessé
Me rappelant qu’hier n’est plus, qu’il est passé
Du passé composé du souvenir d’époque
Je ne saurai jamais dire que je m’en moque
C’était une autre vie, belle à en pleurer
Le bon temps comme on dit d’une enfance dorée.
Nos jeunes musiciens quand la guerre venue
Partirent au combat laissant le kiosque nu
En revinrent meurtris, certains morts ou blessés
Pour une France libre, tous s’étaient engagés
Quand notre douce France a rejoué ses airs
La marche des forgerons de nouveau téméraire
Glissait dans ma mémoire un passé dévolu
Me disant tu vois bien que je suis revenue
Et mes 20 ans dansèrent sous les tilleuls fleuris
Quand du kiosque jaillit la musique endormie.
De mon balcon lourdais j’entends à cet instant
Les cloches de la grotte emportées par le vent
Qui sonnent un air de paix, j’en prie Dieu chaque jour
Pour que vos vies résonnent de bonheur et d’amour
Que la musique joue les grands airs d autrefois
Pour qu’il reste l’enfance, qu’il reste un peu de soi.