Les Pipelettes (1)
Ciel, mon maire
Arlette : - J’ai passé une bonne soirée. Pas toi ?
Claudine : - Si. Si.
Arlette : - Tu n’as pas l’air convaincu !
Claudine : - En fait, je suis un petit peu déçue.
Arlette : - Déçue ! Mais pourquoi ? Personnellement, j’ai trouvé cette pièce excellente.
Claudine : - Oui. L’histoire tient la route, et c’est plutôt bien joué.
Arlette : - Mais c’est génial, tu veux dire ! Et qu’est-ce que j’ai rigolé !
Claudine : - Moi aussi, surtout quand le masseur arrive avec sa superbe chemise en satin, ses grosses lunettes roses, et cette mèche de cheveux qui lui tombe sur la figure.
Arlette : - Et la femme du maire, avec son petit chien, elle assure. Elle ne doit pas rigoler tous les jours avec son mari, la pauvre.
Claudine : - Quant à sa belle-sœur, c’est une véritable ivrogne. Au début, on n’aurait pas dit, sous ses airs de vieille fille aigrie. Il faut toujours se méfier des saintes nitouches.
Arlette : - Et cette russe, elle n’a pas les yeux ni la langue dans la poche, celle-là.
Claudine : - C’est tous des obsédés là-dedans, même la fille et le fils ! Quelle famille !
Arlette : - Et la journaliste, elle est olé olé. Avec elle, on ne doit pas s’ennuyer.
Claudine : - Mais quelle élégance !
Arlette : - Tu as aimé à ce que je vois ! Alors pourquoi dis-tu que tu es déçue ?
Claudine : - Tout au long de la pièce, ça parle sexe. Pour parler, ça parle ! Mais il ne se passe rien.
Arlette : - Tu ne crois tout de même pas qu’ils vont faire ça sur scène ? Ce n’est pas un film porno !
Claudine : - Non, non. Mais j’aurais aimé que ce soit un peu plus chaud. Et puis, cet attaché parlementaire, il se déshabille mais il ne va pas jusqu’au bout. On reste sur sa faim, voilà…
Arlette : - En attendant, on va manger des merveilles et des crêpes. C’est les copines qui les ont faites.
Claudine : - Avec un bon petit verre de Jurançon, ça descendra tout seul…