Regards philosophiques (114)
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Thème :
« A quoi sert le savoir ? »
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Débat :
► La dimension de plaisir et la dimension affective, on ne va pas les mettre demain dans une machine !
Je repars de la question initiale « à quoi sert le savoir ? ». Nous voyons, nous savons, que nous surinformés ; nous savons beaucoup de choses, même trop, parfois. Nous
n’avons pas le temps de tout saisir, d’acquérir, d’analyser. Nous sommes plus ou moins manipulés par une certaine information qui sert des intérêts particuliers. Alors, à quoi sert le
savoir ? A ne pas oublier les leçons de l’Histoire. Eh bien ! Je vais reprendre aussi l’exemple de la climatologie. Nous savons tous que nous allons « droit dans le
mur » et nous continuons pourtant à détruire la planète. Pourtant, il y a des tendances, et c’est là où la question « à quoi sert le savoir ? » est importante, car on voit
qu’une évidence est niée, celle du réchauffement de la planète ; nous savons que nous sommes responsable et en même temps nous ne voulons pas savoir, parce qu’on a peur de ce
savoir. Nous voyons des réunions des dirigeants de ce monde, qui eux aussi savent, et au final, le court terme domine face au long terme.
Par ailleurs, je crois que le savoir peut être un pouvoir pour les citoyens. Il y a des associations comme « Vivagora », qui à l’instar de ceux qui oeuvrent pour l’éducation
populaire, s’impliquent pour faire connaître l’évolution fantastique du savoir, même souvent trop rapides pour le citoyen moyen. Et donc il nous faut connaître ce qui va être appliqué,
ce par quoi nous allons « être mangés », comme avec les implants sous la peau, les nano-puces dans l’organisme et toutes sortes de nouvelles technologies, jusqu’à « l’homme
augmenté ». Nous allons vers ses technologies, parce qu’il y a des intérêts qui vont dans ce sens. De toutes ces choses les citoyens auraient besoin d’en savoir plus pour dire leur mot
sur ces sujets *.
Enfin, je pense que la transmission du savoir est quelque chose d’essentiel et d’irremplaçable. Il faut transmettre car l’oubli s’installe très vite. Ainsi, nous avons présenté une pièce de
théâtre à Paris sur le thème de la Shoah. Nous n’avons eu que peu de monde en regard d’autre réunions/débats. Ou cela n’intéresse plus ? Ou les jeunes ne savent pas ? Auschwitz
n’intéresse plus ! C’est vrai qu’à l’école, on raccourcit de plus en plus les cours d’histoire ; c’est le parent pauvre et on est dans la logique de l’immédiateté. La transmission
est un vécu ; ce sont des savoirs et c’est extrêmement important. C’est s’inscrire dans l’Histoire, c’est « savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va » (proverbe
africain).
*(Les intervenants Britt et Christian sont des passeurs de savoir. Ils organisent plusieurs fois par mois des conférences-débats gratuites, sur des sujets, philosophiques, sociaux ou autres, avec les meilleurs intervenants actuels sur les sujets débattus : « Rencontres et Débat Autrement » http://rencontres-et-debats-autrement.org/
► Texte de Michèle
Savoir –vouloir – mémoire – pouvoir – devoir- gloire.
Le savoir manuel, c’est l’artisan boulanger qui pétrit dès l’aube.
Le savoir intellectuel, c’est un prof’’ de maths qui transmet son savoir aux étudiants.
Le savoir-faire inné, c’est un savoir sans l’avoir appris,
Mais qui permettra avec l’évolution de l’améliorer encore.
Le savoir, c’est la connaissance générale.
Mais tout savoir sur tout, est-ce encore savoir ?
Si nul ne savait, quelle serait notre vie ?
► Grâce au savoir / par le savoir que j’ai gardé de l’école, j’ai appris avec cela à faire mes choix, comme à me méfier. Quand je pense qu’on réduit les cours d’histoire et de géographie, cela m’attriste. Je pense que, de plus en plus, on va nous former pour être des producteurs de produits…
► Savoir peut être un moyen d’éviter de faire des idioties, éviter ce qui est dangereux et désagréable. Savoir sert aux humains qui accueillent l’information de ceux qui savent, d’où l’importance d’écouter pour apprendre de ceux qui savent. Le savoir empêche de faire des monstruosités d’où l’importance de l’éducation. Les progrès de la science par contre sont relatifs. Il n’y a pas eu de grands progrès en pharmacologie depuis la découverte des antibiotiques. La pharmacie sert de plus en plus aux actionnaires des sociétés pharmaceutiques.
►Je ne sais pas si le savoir sert à grand chose, s’il sert à faire évoluer la société. En tous les cas, il ne protège en rien. Un des peuples les plus cultivés au siècle dernier a été aussi le peuple le plus barbare de l’histoire de l’humanité, ce fut le peuple allemand !
► Il y a une forme de savoir qui est comme une drogue. En mathématiques, il y a un ensemble de nombres entiers qu’on appelle « galaxie », où il peut y avoir des millions de chiffres. Depuis des siècles, les mathématiciens cherchent à trouver un nouveau nombre entier (nombre qui n’est divisible par aucun autre, sauf par lui-même ou par un). Dès qu’on a trouvé un nouveau nombre entier, c’est la gloire pour celui qui l’a trouvé. Aussitôt, on se remet à en chercher un plus grand. Cela dure comme cela depuis des siècles, mais ça ne sert strictement à rien.
► Le cerveau travaille à partir des émotions et des sensations contrairement à l’ordinateur. Auguste Comte dit que le cerveau est gouverné par l’affectivité. Par ailleurs, les grands nombres premiers sont utiles en cryptographie.
► Deux personnes m’ont marquée par leur savoir, savoir pratique que nous utilisons chaque jour. Ce sont Robert Moreno et Steve Job. Le premier nous a donné la carte à puce dont nous nous servons tous aujourd’hui ; le second est un des pionniers de l’informatique, fondateur d’Apple.
extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.