Regards philosophiques (20)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

 

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Pourquoi raconter des histoires ? (6)

  I

Texte de France: Dans une tour d’ivoire, parfois nous sommes prisonniers : et de cette Bastille nous n’avons pas la clef ! Sans aucun horizon, sans lumière et sans gloire, notre vie se déroule sans rien  d’autre espérer ! Soudain  comme en un rêve, un miracle s’opère !  Un conteur est assis, là !, au coin du feu, promène son regard… scrute l’atmosphère, d’un œil inquisiteur…voire même un peu curieux, puis, tout à coup, déclame à haute et belle voix : « Il était une fois… ». Dès lors, par son attrait mystérieux empreint de magnétisme, le conteur nous harponne, nous ferre, nous enchaîne à son récit ardent, aux personnages étranges ou parfois magnanimes.  Il murmure des mots, il mime des scènes, il parle avec emphase, qui font que nos oreilles accouplées à nos yeux sont tenus en extase. Et le conteur poursuit son captivant récit où nous sommes entrés : tel un ver dans le fruit, en consommant la chair, en cheminant sans bruit ! Notre cœur, notre esprit s’abreuvent dans l’émoi et le feu de l’histoire vient réchauffer nos doigts.  Et c’est l’enchantement ! Il n’y a plus de porte et d’un battement d’aile l’histoire nous transporte au pays merveilleux des récits, des poèmes, cette vaste contrée qui adoucit nos peines ! De ce pays rêvé : l’histoire en est en la reine ! Le thème est son sujet et le conteur son roi : écoutons-le  nous dire : « Il était une fois… »     

                                                                      

On peut traduire ce terme anglais de « storytelling » par « en racontant des histoires » ; c’est, nous dit-on, raconter quelque chose, mobiliser l’émotion, donner à raconter à la presse, occuper les temps d’antenne, squatter chaque jour les colonnes des journaux, alimenter les bavardages de machines à café. C’est mettre le projecteur sur quelque chose, sur quelqu’un, ce qui met tout le reste dans l’ombre ; c’est, disent les directeurs de communication, toujours avoir un coup d’avance. Nous avons vu étaler la vie antérieure et actuelle du Président de la République, la saga de sa challenger (sa rivale), sa vie amoureuse, sa vie familiale, sa séparation, etc… Au final, pour un certain nombre de gens, cela aura eu plus d’importance que n’importe quel programme politique, alors ce serait peut-être ceux qui croient à la politique qui se raconteraient des histoires.

Aux Etats-Unis, en 1992, Clinton, déclarait à ce propos : « Je pense que nous pourrions élire n’importe quel acteur de Hollywood à condition qu’il ait une histoire à raconter ; une histoire qui dise aux gens ce que le pays est, et comment il le voit. ». Nous avions déjà vu cela en 1980. Imaginez ! Un cow-boy du cinéma, celui qui punissait les méchants, qui va devenir Président des Etats-Unis.  Aujourd’hui c’est la publicité qui s’est emparée du storytelling. Nous le voyons particulièrement ces derniers jours avec « Le petit poucet » et « Le petit chaperon rouge », qui sont en publicité à la Banque populaire : une histoire, ça fait vendre.

 

 

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafephilo.over-blog.net/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

Publié dans culturels

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