Regards philosophiques (50)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

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 Thème :    « La communication est-elle possible ? »

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Introduction : Texte de Lionel et Florence, présenté par Florence.

 

Nous allons communiquer aujourd’hui afin de discuter, émettre des opinions, argumenter, tout en laissant trottiner dans notre esprit une question fondamentale : « La communication est-elle possible ? ». Aujourd’hui, nous pouvons penser que nous sommes dans une situation paradoxale. Si nous abordons le premier niveau de compréhension pour aborder le deuxième, le paradoxe se dissipe. Ce peut être une interrogation fondamentale qui se pose à travers ce thème. Comment pouvons-nous communiquer en dépit des multiples obstacles à la communication ? Obstacles que nous devons donc dépasser en toute heure et en tout lieu.

Parmi les pièges de la communication nous en avons retenu six :


1°) : Les stéréotypes, (idées préconçues, toutes faites) – Les étiquetages, la polarisation.

Dans une situation de communication, nous avons tendance à sélectionner  les informations les plus évidentes, les plus faciles parmi celles qui nous parviennent, les plus communes également. Nous privilégions les traits les plus caractéristiques, nous faisons de l’étiquetage : « C’est un professeur ! C’est un étudiant ! C’est un garagiste !... Nous retenons les traits les plus extrêmes. Nous pensons aussi en termes d’opposition : bon – mauvais, bien – mal, amour – haine. Il en va ainsi lorsqu’on rencontre une nouvelle personne, nous avons tendance à assimiler et à réduire les traits de cette personne à des stéréotypes.


2°) Attitudes globalisantes et définitives.

Cette attitude consiste à parler en termes absolus et définitifs donnant l’impression de tout connaître : « je vais tout vous dire », « je sais de quoi je parle », « je suis bien placé pour en parler », etc., alors qu’il est impossible pour quelqu’un de tout connaître. Sauf moi ! (Rires !)


3°) Refus inconscient de ce que l’homme est un être en devenir.

Nous avons tendance à voir les êtres et les choses comme s’ils ne  changeaient jamais...


4°) Inférence. (Opération logique par laquelle on admet une proposition en vertu de sa liaison avec d’autres propositions tenues déjà pour vraies)

Ce sont les interprétations ou prolongements de la réalité que nous faisons à la suite d’une observation trop rapide ou confuse que nous faisons. Je rencontre un ami qui me serre la main trop rapidement à mon goût et ne répond à aucune de mes questions. Alors, j’interprète ce fait comme la marque d’une rancœur tenace, d’une colère subite, d’un service que je lui aurais refusé et dont je n’ai pas souvenir…


5°) Enoncés et jugements rapides : Ce sont des avis personnels, des jugements qui renvoient à notre échelle de valeur et non à celle des autres ; par exemple : « Il faut réduire les indemnités chômage, car les chômeurs sont des fainéants. », « Les habitants de cette région sont tellement radins qu’ils ont les doigts crochus. », « Les gens de tel pays sont têtus. », « Les filles de tel pays sont chaudes, c’est naturel avec le soleil qu’ils ont ! »…


6°) Nos croyances et obstacles liés à la langue : Nous avons tous nos croyances sur les choses, les personnes, croyances que nous cherchons à renforcer. Ces postulats peuvent être plus ou moins justes, car souvent ils ne reposent pas sur une base de réalité…

Toute transmission d’information subit des pertes, des déformations. Dans l’acception commune, le langage est un instrument au service de la pensée, mais il n’est pas toujours fidèle à mon intention ; les mots déforment notre pensée. Cette imperfection peut-elle être surmontée, est-elle sans remède? On dit qu’il faut se méfier des mots qui peuvent avoir des sens différents selon les contextes de référence. Des mots semblables par l’orthographe et qui n’ont pas le même sens, des mots dits avec une expression orale différente vont renvoyer à des champs sémantiques distincts. Alors, comment s’y reconnaître ? D’autant que linguistes et non linguistes écrivent que le langage a permis la pensée...

 

L’anthropologue Lévi-Strauss dit  qu’il n’y a pas de société sans communication. Les différents moyens de communication reposent sur le langage, la culture, la perception et la rétroaction (feed-back). La rétroaction indique que « les récepteurs » (vous) peuvent exercer une influence sur le message du locuteur (moi) sous forme de réponse, de questionnement. Nous mettons en commun nos informations et nos messages dans des mots dont  nous ne connaissons pas l’origine, car la langue et sa mise en œuvre, le langage, est une œuvre collective. La langue appartient à la société, c’est à chacun de l’intégrer et de s’y adapter tout en lui donnant une tournure personnelle. Alors se pose cette question essentielle : comment une communication peut-elle être possible si chacun s’approprie la langue à sa manière ?

L’idéal de la communication ne serait-il pas de parvenir à des formulations parfaitement transparentes et intelligibles à autrui ? Cet idéal est celui des organes de propagande, il ne peut être celui de la personne qui a besoin de faire expression d’elle-même et cherche à s’exprimer de façon verbale (et souvent à son insu de façon non verbale). La forme pronominale de ce verbe dévoile le sens de cette expression « s’exprimer », c'est-à-dire, aussi, ce qui m’est personnel, ce que j’ai d’original et d’impartageable. Les mots nous trahissent en ce sens aussi qu’ils en disent long sur nous-mêmes. Ces deux exigences : communiquer et s’exprimer, ne sont pas incompatibles, mais concurrentes. Votre présence le prouve, nos deux soucis communs, communiquer et s’exprimer, permettront sûrement au thème d’aujourd’hui d’être le terreau de belles discussions.

 

 

             

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafephilo.over-blog.net/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 


Publié dans culturels

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