Regards philosophiques (58)

Publié le par G-L. P. / J. C.

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 Thème :

« Faut-il continuer d’enseigner les classiques à l’école? »

 

Débat à la suite de la projection du film : « Nous, princesses de Clèves »

 

 

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Pour arriver à cette performance d’intéresser à ce point des élèves à une œuvre classique, il faut un professeur de lettres qui ait une vraie formation, pas celle de Monsieur Mérieux de l’IUFM de Lyon. Nous aurons toujours grand besoin de former des générations qui aillent vers la lecture.

   

Nous voyons avec ce film comment le travail sur ce texte de la princesse de Clèves amène les élèves à se poser des questions sur leur vie. Ça permet aussi de poser la question : Qu’est-ce qu’un texte classique ? Est-ce obligatoirement une œuvre française ? Il existe des grands textes dans d’autres pays d’autres cultures, cela permet encore plus d’ouvertures.

   

Le professeur dans ce film n’a pas choisi par hasard cette œuvre de la princesse de Clèves. C’est le premier roman d’analyse, c’est la première foi dans la littérature qu’on fait une analyse des sentiments intérieurs. Il est évident que pour ces jeunes gens, c’est apprendre à se poser des questions. Il est certain que cette oeuvre peut parfois poser problème avec le dogme qui prévaut à la maison. Après cela, commencent les questionnements ; après  cela, on fera des choix.

   

Dans l’émission sur France Inter d’Isabelle Giordano un étudiant disait : « Dans ses œuvres, on se projette, on devient soi-même un héros, c’est une littérature qui apporte de l’espoir, de l’optimisme qui nous fait oublier les aspects peu agréables de notre société, de la réalité. ». Un autre disait que lorsqu’il a découvert Montaigne, il s’est dit : « Mais oui, c’est, c’est exactement comme je pense, c’est incroyable !, et cela a des siècles ! » « Cela apporte une maturité », nous disait un autre intervenant, « cela aide à se construire. Les profs m’ont fait connaître des choses que je n’aurais jamais découvertes seul. ».
Une belle réflexion m’est restée présente : «  Tout le monde a droit à la beauté. » J’ajouterai que pour transmettre la passion des beaux textes, il faut déjà avoir cette passion. L’ennui est souvent prégnant chez les ados. Qu’on les emmène dans d’autres mondes, ils adorent, ils aiment être dépaysés
(comme avec Harry Potter, par exemple), et  découvrir ce personnage fou et romanesque à la fois de Don Quichotte est un moment de bonheur. Ce monde, dont celui du travail est de plus en plus exigeant, j’ai pu constater qu’un bagage culturel, même léger bagage, peut être un plus, dans la sélection de candidats. Il n’y a pas de place dans le monde si l’on n’a pas les mots et tout leur champ sémantique, tous ces sésames culturels pour communiquer d’égal à égal avec tous. La culture ou des aspects de la culture, réservés à des catégories créent des ghettos culturels ; cela revient  à créer des codes entre certains individus, et donc, ceux qui ne détiennent pas ces codes, seront, et resteront, des exclus.  A défaut de mots, si on ne peut pas montrer, on ne peut pas prouver qui l’on est ; on risque fort un jour où l’autre de se trouver en infériorité : « Tous les moyens de l’esprit sont enfermés dans le langage », disait Alain.

 

 

  

 

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

 

Publié dans culturels

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