Suicides et travail
Le suicide ! Sans aucun doute, l’acte délibéré, majeur,
que peut se résoudre à accomplir, en toute lucidité, un individu !
Pour en arriver à cette extrémité, pour exécuter ce dernier geste,
une bonne dose de courage doit s’avérer nécessaire
même s’il conclut une décision prise pour un ensemble de raisons
dont une tout particulièrement, à un moment donné,
a fait déborder la marmite qui, peut-être, depuis un certain temps,
bouillait léchée par des flammes de plus en plus brûlantes,
après avoir emmagasinée ressentiments sur ressentiments.
Et qui s’autoriserait à vouloir en expliquer les réelles motivations ?
Par contre, les multiples suicides dus aux conditions de travail
qui, d’une façon générale, se transforment, se dégradent,
ne traduisent-ils pas, à travers l’irrémédiable de ces gestes individuels,
le mal-être, incommunicable, que peuvent vivre, subir, souffrir
les employés de France Télécom… ou d’autres entités ?
Une « mode » ! Quelle parole pour le moins maladroite !
Plutôt un drôle de regard élitiste, condescendant, supérieur, aveugle !
Ne sont-ils pas, plus sûrement, les conséquences d’une « rupture »,
de la nouvelle et inquiétante forme de gestion des personnels
que pratiquent, à l’unisson, les grandes entreprises de la planète
pour répondre, ni plus ni moins, aux exigences financières
d’un ultralibéralisme mondialisé, des « maîtres du monde » ?
Dès lors l’Homme, le travailleur, sous pression constante, étouffante,
dévalorisé, disqualifié, humilié, nié dans son activité professionnelle,
en concurrence permanente et néfaste avec les autres, ses collègues,
dans la crainte de l’incertitude, du chômage de masse, de l’avenir,
ne trouve plus dans son travail, au-delà de sa rémunération congrue,
ni la reconnaissance d’autrui, encore moins de sa hiérarchie
ni la légitime et indispensable estime de soi pas plus que son identité.
Oui, sûr, les rapports économiques actuels, voulus et non naturels,
sont, et surtout dans les grandes structures, défavorables aux salariés.
Au quotidien, de tels signes forts et révélateurs devraient nous alerter
et donc nous faire réagir. Tous ! Collectivement !
Mais ? Et chacun devrait simplement gérer « son stress » sans ciller ?