Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (39)

Publié le par M. P.

Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
                                                        
                                                       Martine POUTOU
 
39
             
- Oui, Mama, chacun se nourrit d’amour comme il peut. Moi, tout comme toi, je veux aimer passionnément, quitte à m’y brûler les ailes.
Lorsqu’elle parlait de moi, elle disait « Mamy ». Mais, dans ces moments d’intimité, elle se plaisait à dire « Mama ».
Cela lui était venu, enfant, alors même qu’elle entendait les autres me nommer « Laurema ».
Pierre, souriait lorsqu’il l’entendait me nommer ainsi. Quant à moi, j’en éprouvais, je l’avoue, un certain plaisir à l’entendre m’interpeller de la sorte.
Elle me disait encore :
- Mama, tu es une grande psychologue. Tu rends, à chaque fois, ma vie plus douce et lumineuse. Un jour, j’espère moi aussi, pouvoir aider les autres à vivre mieux, à voir plus clair en eux, à apprivoiser leurs états d’âme. C’est pour cela que j’étudie et j’en suis pleinement satisfaite.
Elle était revenue sereine et apaisée de ce séjour en « Terre Sainte », comme elle aimait le dire en évoquant l’Espagne.
Les espagnols, en effet, étaient des gens très croyants.
Ils pratiquaient la foi en fidèles catholiques, ne manquant aucun office, chantant la messe à l’unisson, le son de l’orgue se perdant au cœur de magnifiques chants basques.
Ces vacances s’achevaient, nous laissant du baume au cœur et des souvenirs plein la tête.
Notre album photos s’était rempli de belles images immortalisant ce merveilleux séjour.
Elles nous ramenaient vers ces petits villages nichés en pleine nature, vers ces maisons anciennes coiffées de tuiles rouges, aux murs de pierre, aux balcons habillés de géraniums ou de pétunias resplendissant sous la lumière étincelante du jour. Dans cette végétation luxuriante, nous avions traversé les vallées de Roncal, de Salazar, de Roncevaux et des Aldudes, croisant parfois quelques pèlerins en route pour Compostelle par les chemins jacquaires. Chemins, dont les aires de pique-nique s’agrémentaient parfois de barbecues. Il y avait, ça et là, les champs cultivés de blé ou de maïs, les vergers, dont les pommiers à cidre dressaient fièrement leur branchage, les fermes et leur jardin potager, les aires de jeux où se rencontraient les familles…
Dans les forêts de conifères luisant de tous leurs verts même les plus obscurs, se côtoyaient chênes, hêtres et châtaigniers. Dans la forêt d’Irati, la plus grande hêtraie-sapinière d’Europe, nos yeux avaient baigné dans un panorama d’une richesse intarissable. Le murmure incessant des rivières venait taquiner la paisibilité de ces lieux uniques et réconfortants. Nos pas résonnaient encore dans ces venelles pavées de pierres séculaires nous invitant à la rêverie, à la promenade ou à la flânerie, suivant l’humeur. Nous avions craint qu’Ambre éprouve un peu d’ennui, après les tumultes de sa vie toulousaine.
Bien au contraire !
Ce séjour l’avait enchantée.
Elle en était revenue galvanisée, souriant à la vie.
                      
(A SUIVRE)

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