Regards philosophiques (48)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

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 Thème :    « Est-il sage d'avoir confiance ? »

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/  « Je crois que je vais gagner au loto, oui, j’ai confiance ! » Celui qui croit cela risque fort d’être déçu ! Il y a des cas où c’est bien d’être optimiste, mais ça nous échappe, il y a la part du hasard. Quand on a confiance dans une idée élevée, un idéal, c’est une forme de foi. Par exemple, celle de tous ceux qui se sont engagés dans la Résistance. Nombreux furent tués, mais ils avaient confiance dans la victoire, la libération ; pour eux, c’était un moteur.

 

/ Le modèle de confiance est celui qui sait affronter les difficultés, avec la volonté de croire que ses efforts, quoiqu’il arrive, ne seront jamais vains ; ce sont des personnes comme cela qui forcent le destin, qui exploitent tous leurs possibles, ceux-là qui en fait nous redonneraient confiance. Même devant l’absurdité de la vie, Sisyphe remonte son rocher. Camus nous dit qu’il faut voir Sisyphe comme un homme heureux, symbole de la confiance malgré tout dans la vie, la foi du charbonnier, en quelque sorte.

Sommes-nous confiants par nature, par tempérament, autrement dit, par une propension innée ? Ou est-ce le fait du caractère ? Donc de l’enfance, de l’environnement, de l’éducation, du modèle parental. Des parents craintifs font-ils des enfants craintifs ou des enfants confiants ?

Le symbole de la confiance, ce pourrait-être ce regard d’un chien à la S.P.A. qui regarde passer celui qui pourrait être son maître. Toute la confiance du monde est parfois dans ce regard d’animal. S’il est adopté, il est prêt à donner tout son amour en toute confiance. Parfois, ce qu’il ne sait pas, c’est qu’aux prochaines vacances, il peut se retrouver attaché à un arbre. Alors, comme on met des puces électroniques aux chiens maintenant, pourquoi n’en mettrions-nous pas aux maîtres qui adoptent ? Ainsi on pourra sans peine les localiser par GPS, s’ils trahissent la confiance de cet animal, puisqu’on ne peut pas totalement faire confiance dans leur humanité.

 

/ Dans le fonctionnement de la société, on nous demande de faire aveuglément confiance ; on nous bourre tellement le crâne que la confiance finit par être à géométrie variable. Les citoyens font assez facilement confiance, ils votent, ils délèguent, puis ils se désintéressent. Par exemple, il est difficile de trouver des gens pour les bureaux de vote, les conseils municipaux, les tribunaux.

 

/ Confiance et défiance sont tout autant dans notre part animal, que dans notre part de raison.

« …en contemplant le nid, nous sommes à l’origine d’une confiance du monde, nous recevons une amorce de confiance, un appel à la confiance cosmique. L’oiseau construirait-il son nid s’il n’avait son instinct de confiance au monde. »  (Bachelard. La Poétique de l’espace)

 

/ Se comporter comme les Stoïciens, ne pas prendre de risque, éteindre tous les désirs, cela ne fait pas prendre de risque et ne nécessite pas la confiance. Mais ce n’est pas vivre, car vivre est un élan où il faut de la confiance dans les autres, avec les risques que cela comporte, voire même « tomber dans le panneau » ; vivre, c’est un risque!

 

/ Que la confiance soit quelque chose de réciproque, je n’y crois pas trop. J’ai trop été bernée. Peut-être parce que je n’ai pas su déceler les comédiens. Qu’est-ce que je me suis fait avoir ! Je continue néanmoins à faire confiance en sachant que je peux encore me faire avoir.

 

/ A priori, ma réponse serait, non, il n’est pas sage d’avoir confiance, surtout confiance aveugle. Ce qui nous renvoie à Darwin qui va commencer à comprendre en observant un tremblement de terre que rien n’était stable, que tout est en évolution permanente, donc pas de confiance dans un projet, un but ; cela a été une découverte. Donc, avec lui l’écroulement de la confiance a permis un progrès et des découvertes. Dans cette démarche, il n’y a ni confiance, ni défiance.

 

 
             

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafephilo.over-blog.net/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 


Publié dans culturels

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M
<br /> Balladur, il y a quelques années, aux guignols, disait à la France, sur un ton d'hypnose : "faites moi confiance !'<br /> <br /> <br />
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