Nourritures divines...
Nul hasard si c'est en Grèce qu'Epicure, apôtre des plaisirs naturels, voit le jour : la religion, si elle proscrit l'excès, n'interdit pas de jouir de la vie. Il faut goûter ses fruits mais leur plaisir cache parfois la froideur et la fadeur de la mort.
Nectar et ambroisie sont des nourritures bien mystérieuses
Les dieux se nourrissent d'ambroisie, que l'on oserait comparer à la gelée royale ; beaucoup de discrétion sur cette nourriture exquise et réservée aux dieux (comme le miel du mont Hymette, près d'Athènes). Le nectar est à l'ambroisie ce que le vin est au pain. Les dieux ont-ils besoin d'alcool pour se rêver une vie meilleure et oublier leurs soucis ? Rien ne le dit et les hommes doivent se contenter de fantasmer ce nectar.
Ce que les dieux acceptent de la part des humains
Lors de sacrifices, on leur offre les parties nobles des animaux (fumet de viandes grillées) tandis que les prêtres se réservent la viande, quelquefois consommée dans les banquets. Les hommes donnent, pour s'assurer leur concours divin et leur bienveillance. Il faut calmer leur appétit sous la forme de l'animal sacrifié. Nulle indigestion ne vient jamais perturber leurs agapes, cérémonies mi-religieuses, mi-civiles au cours desquelles les Grecs célèbrent l'ordre de la cité et du monde, car l'idée même d'un excès est étrangère au monde des dieux. Erotisme et gastronomie imposent l'idée d'un bonheur constant.
La figure de la corne d'abondance, remplie de fruits et de fleurs atteste bien le fantasme humain d'une vie débarrassée de la sauvagerie et du spectre de la faim.
Banquets profanes comme les orgies de la Rome antique, ou festins à vocation religieuse comme les agapes des Grecs, grands repas des dieux se sont perpétués jusque dans le monde chrétien à travers la Cène ( le dernier repas du Christ avec ses disciples). Le pain et le vin, l'ambroisie et le nectar, 2 versions d'une correspondance religieuse entre le monde des dieux et celui des hommes.