A propos du référendum irlandais...
Consultés par référendum, et comme il fallait s'y attendre,
les électeurs irlandais ont majoritairement dit « Non » (53.4 %),
non à la ratification du traité européen « simplifié » de Lisbonne.
Ce résultat « populaire » témoigne, qu'on le veuille ou non,
de quelques réalités communes, comme jamais sans doute,
à la plupart de l'ensemble des peuples européens...
qui, pouvons le penser particulièrement, sont plus profondes,
plus ancrées et que n'atténuent ou n'amplifient davantage
les soi-disant excès de langage, d'interprétation, de vision
de tel ou tel partisan... de tel ou tel propagandiste...
En premier lieu, un indéniable « fossé », « gouffre » même,
apparaît une nouvelle fois entre les élites et les simples citoyens.
Irrémédiable d'ailleurs et, hélas, peut-être pour longtemps !
La perception de la quotidienneté comme, plus grave encore,
l'avenir du lendemain dont l'Europe se veut le garant, le moteur
sont, pour les unes et les autres, opposées, inconciliables.
Ce résultat atteste également ce que certains prédisent ...
à savoir que, si dans tous les pays les dirigeants au pouvoir
offraient simplement aux populations concernées la possibilité
de s'exprimer comme l'exigerait au moins la démocratie,
les résultats seraient sans doute de la même teneur, ici et là.
A vrai dire, rien de surprenant... « l'Europe » d'aujourd'hui
par volonté politique accepte et donc agit pour que son intégration
dans le concert de la mondialisation, de la financiarisation
se fasse malgré les dures conséquences économiques, de vie
qui frappent tous les laisser pour compte, tous les « perdants ».
Comment, dans cette logique, le jour où la parole est accordée,
ne pas comprendre ces réactions, ces appels, ces « cris »
des plus humbles, des frustrés et d'une majorité de citoyens ?
De plus, émerge toujours, tel un iceberg qui ne peut disparaître,
la question sous-jacente mais jamais vraiment abordée,
la question de fond, primordiale et à laquelle il faudra bien, un jour,
apporter une réponse claire : quelle Europe voulons-nous ?
Une Europe puissance qui s'affirmera en tant que telle
ou une Europe vassale de l'impérialisme de la superpuissance ?
Au delà, le peuple a aussi besoin de discours... de discours, forts,
qui transcendent la réalité et emportent l'adhésion... communicative.
Sans ce « grain à moudre », aurait dit un ancien syndicaliste,
et de meilleures perspectives pour tous, rien de nouveau... à l'horizon.